La nature à l’épreuve du bien-être

Aujourd’hui, le bien-être est devenu central dans notre approche de la relation humain-animal.

Parce que nos compagnons à plumes ou à poils sont captifs, nous nous sentons le devoir de leur proposer le meilleur environnement possible. Et c’est une bonne chose. Car c’est aussi ce qui a permis, ces dernières années, tant de questionnements sur nos rapports avec eux. Sur notre manière de les intégrer à un environnement qui, bien souvent, est en décalage avec leurs besoins.

Avec l’essor des réseaux sociaux cependant, je vois de plus en plus de propriétaires se voir reprocher les conditions de détentions dans lesquelles ils placent leurs animaux. S’il me semble fondamental d’informer tout un chacun des besoins naturels d’une espèce, je ne pense pas que le reproche ni l’humiliation servent ce devoir.

Car en définitive, personne ne peut prétendre apporter des conditions de vie parfaites à ses animaux. Non, personne. Imaginez : même la nature n’y parvient pas !

“Même la nature ne suffit pas au bien-être d’un animal !”

La nature à l’épreuve du bien-être

Certes, un animal qui vit dans son milieu naturel est libre. Certes, il n’est pas restreint dans son espace. Il a la possibilité d’interagir avec de multiples congénères. Certes, il n’a pas besoin de s’adapter aux limites d’un appartement ou d’une maison. Mais la nature aussi a ses contraintes. Et pas des moindres.

Le milieu naturel d’un animal est très souvent idéalisé.

Il est évident que si l’espèce y a évolué, c’est qu’elle y trouvait son compte. Ce milieu porte cependant son lot de désagréments. Reprenons par exemple les 5 libertés établies par le Farm Animal Council Welfare, ces 5 critères qui seraient indispensables au bien-être animal. Et faisons passer le test à la nature.

 

Les 5 libertés telles qu’elles ont été décrites sont les suivantes :

–          Ne pas souffrir de la faim ou de la soif

–          Ne pas souffrir d’inconfort

–          Ne pas souffrir de blessures ou de maladies

–          Pouvoir exprimer ses comportements naturels

–          Ne pas souffrir de peur ou de stress

 

La nature est bien mauvaise en matière de bientraitance, puisqu’elle ne coche qu’un critère sur les 5 : elle permet à l’animal d’exprimer ses comportements naturels. Et c’est tout ! Dans son milieu naturel, un animal souffrira nécessairement de la faim ou de la soif à certains moments. Il subira l’inconfort des changements climatiques et des intempéries. Il se blessera. Il tombera malade. Il aura peur pour ses petits ou pour lui-même.

“La nature est mauvaise en matière de bientraitance”

Le milieu naturel est certes adapté à l’animal qui l’occupe, mais il n’est pas pour autant gage de bien-être. Or j’ai parfois l’impression que de plus en plus de propriétaires s’épuisent à proposer un environnement le plus idéal possible, avant de constater qu’ils n’y parviendront pas et de conclure que l’animal serait mieux ailleurs, chez quelqu’un qui saurait mieux s’en occuper.

Pour nos animaux, nous voulons le beurre et l’argent du beurre !

Nous voulons qu’ils puissent exprimer leurs comportements naturels ET qu’ils mangent à leur faim, nous voulons éviter à tout prix les blessures et le stress ET leur offrir l’environnement le plus riche possible. Autrement dit, nous voulons pour eux tous les avantages du milieu naturel ET ceux de la captivité, mais sans aucun inconvénient. Ce n’est bien évidemment pas possible.

Je ne dis pas ici qu’il faille rejeter toute volonté d’améliorer le bien-être de nos compagnons. Je pense au contraire que c’est fondamental. Tendre vers un idéal ne peut que nous pousser à réfléchir, à nous poser les bonnes questions. A avancer. Mais restons dans la bienveillance vis-à-vis des autres, et vis-à-vis de nous-même.

Oui, dans la nature, les perroquets vivent en groupe. Oui, dans la nature, ils volent librement. Oui, ils évoluent dans des environnements extrêmement riches. Oui. Mais dans la nature, les perroquets se blessent, tombent malades, et ne bénéficient pas d’un vétérinaire. Dans la nature ils subissent le froid, la pluie et la chaleur. Dans la nature ils vivent au gré des aliments qu’ils trouvent, et n’ont pas systématiquement accès à toutes les ressources nécessaires.

La captivité aussi a ses avantages…

Idéaliser le milieu naturel ne nous aidera pas à être de meilleurs humains vis-à-vis de nos animaux. Une telle vision des choses, en plus d’être erronée, ne peut que nous décourager face à l’ampleur d’une tâche qui n’est peut-être pas si indispensable au bien-être animal. La vie en captivité n’est pas forcément pire que celle en milieu naturel. Elle est simplement différente. Elle a certes ses inconvénients, mais aussi de sacrés avantages. Il nous revient d’équilibrer au mieux nos connaissances sur leurs besoins avec les privilèges qu’offre une vie en volière. Il nous revient aussi de travailler sur la psychologie de nos animaux, pour leur permettre de poser sur le monde un regard positif. Car leur bien-être viendra aussi (et surtout) de là.

 

*Quelques ressources pour aller plus loin*

👉 Pour (re)voir la vidéo sur le bien-être animal :

👉 Les 5 libertés du Farm Animal Welfare Council (FAWC) :

https://www.fawec.org/fr/documents-techniques-concepts-generaux/108-qu-est-ce-que-le-bien-etre-animal

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